Effets de la pleine lune : entre mythes et réalités astrologiques

Louise AUBERT

La Pleine Lune fascine depuis toujours. Sa lumière crue, capable d’éclairer la nuit comme en plein jour, a nourri les mythes, les superstitions et les peurs ancestrales. On lui prête mille effets : insomnies, débordements émotionnels, impulsions soudaines. Les récits populaires en ont fait un symbole de démesure, et les légendes ont amplifié son pouvoir supposé, jusqu’à inventer des créatures effrayantes comme le loup-garou. 

Mais en Astrologie Structurale, la Pleine Lune n’est pas un sort jeté à l’humanité. 


Elle n’est pas une humeur passagère ni une simple curiosité astronomique. Elle est un moment structurant du cycle lunaire, un sommet qui éclaire, révèle, confronte. La Pleine Lune est moins une cause mystérieuse qu’un miroir : elle expose ce qui, depuis la Nouvelle Lune, cherchait à se construire. 


La Pleine Lune dans l’imaginaire collectif 

Le loup-garou, archétype de l’instinct déchaîné 


Parmi les mythes les plus célèbres liés à la pleine lune, celui du loup-garou occupe une place centrale. On raconte qu’à la clarté lunaire, un homme ordinaire se transforme en bête sauvage, incontrôlable, condamnée à vivre entre deux natures. Cette métamorphose terrifiante traduit une idée profonde : la lune révélerait en chacun une part animale, ce que la raison cherche à dompter mais qui peut toujours finir par resurgir. 


Ce récit ne relève pas seulement du folklore médiéval. Il exprime une vérité symbolique : la pleine lune confronte l’humain à sa partie pulsionnelle qu'il convient de maîtriser pour que la vie en société soit possible. Le loup-garou, c’est la mise en scène imaginaire d’une expérience que beaucoup reconnaissent encore aujourd’hui : celle d’être soudain envahi par une intensité émotionnelle, par des pulsions, par une part d’ombre qui exige reconnaissance. 



Les croyances populaires : entre inquiétudes et transmissions 


Bien au-delà des contes, la pleine lune continue d’alimenter des croyances très concrètes. On dit qu’elle empêche de dormir, qu’elle augmente le nombre de naissances, qu’elle rend certains plus nerveux, plus violents ou plus inspirés. Ces croyances traversent les siècles sans se démentir. Point besoin de preuve scientifique, l'imaginaire œuvre à la perpétuation de ce que l'humain sait sans pouvoir l'expliquer.


Ces mythes et autres croyances traduisent une expérience largement partagée : la pleine lune agit comme un amplificateur. Elle grossit ce qui existe déjà. L’angoisse devient plus vive, la joie plus intense, l’énergie plus difficile à contenir. C’est cette impression de débordement qui a nourri la chimère, et qui continue d’expliquer la place de la pleine lune dans notre culture.



La Pleine Lune en astrologie structurale 

L’opposition Soleil–Lune : le cœur de la Pleine Lune 


Sur le plan astrologique, la Pleine Lune correspond à une opposition exacte entre le Soleil et la Lune par rapport à la Terre qui est le centre de l'univers dans la tradition astrologique. Depuis l'aube de l'humanité, l'individu, fier de son ego ne peut que difficilement concevoir qu'il n'est pas le centre du monde. La Terre, qui est le lieu depuis lequel on observe le ciel, est donc au centre du Zodiaque.


L'astrologie est un art, un des arts sacrés de l'antiquité, enseigné alors dans les temples. Chercher à en faire une science est absurde, tenter de prouver son efficacité est sans fondement. Nous sommes là dans le monde du symbole qui réunit ce qui est séparé. Il est question de similitude de systèmes : le système solaire et l'individu. 

Donc, observer le monde depuis la Terre est depuis toujours une évidence pour l'humain. Le ciel et ses "astres" est passionnant et présente une particularité : vu de la Terre, le Soleil et la Lune ont le même diamètre, ce qui permet que l'un éclipse l'autre et vice versa.


Nous avons donc deux pivots d'observation, les plus gros, les plus évidents : nos luminaires. Ils sont tout naturellement devenus les symboles de nos deux états les plus "déchiffrables" : nos désirs et nos besoins. D’un côté, le Soleil, principe de conscience, d’affirmation et de projet. De l’autre, la Lune, principe de réceptivité, de mémoire et d’émotion. Quand ces deux pôles se font face, l'équilibre est en question et la tension maximale.


C’est cette opposition qui explique le ressenti de débordement : la Pleine Lune n’invente rien, mais elle met en lumière, avec une clarté parfois brutale, ce qui était en gestation depuis la Nouvelle Lune. Elle n’est pas une cause extérieure, mais un révélateur.


Une expérience singulière, non universelle 


Il est important de considérer la Pleine Lune comme un évènement mondial. Tous les individus la vivent au même moment quel que soit leur lieu de vie sur la planète. Autre chose est l'incidence sur la vie de chaque individu. Là on entre dans la particularité du thème de chacun et là, l'analyse d'un astrologue est nécessaire pour la mise en perspective de la nature, du potentiel et du parcours de vie de chaque individu face à cet évènement collectif.


Ainsi, ce qui sera vécu comme une agitation par l’un pourra être une libération pour l’autre. Réduire la pleine lune à une « ambiance collective » est une simplification excessive. La lecture Astrologique Structurale insiste sur la résonance individuelle : chacun vit la Pleine Lune à partir de sa propre carte astrale.



Relire le mythe du loup-garou à la lumière de l’Astrologie 

L’ombre et la lumière 


Si le loup-garou continue de fasciner, c’est parce qu’il illustre parfaitement la dynamique lunaire.

Dans la tradition, la Lune est notre état de bébé, le lien avec notre corps, nos émotions (entre autres). Cet état de bébé est un état dans lequel, nos pulsions non encore domptées sont garantes de notre survie, de la survie de l'espèce. Et donc, ce bébé, encore en devenir est doué d'une énergie et d'une pulsion de vie à son paroxysme qui serait dévastatrice si l'adulte ne l'avait pas dominée par le biais de l'éducation afin de s'insérer dans le groupe social. 


L’homme qui se transforme sous la pleine lune, c’est celui qui voit soudain ses instincts prendre le dessus jusqu'à en oublier qu'il est un être social. Il illustre cette face sombre de chacun, là, tapie en nous, cet état de l'individu en proie à "la vie à tout prix". En astrologie, la Pleine Lune, qui est le moment de maximum de visibilité de la Lune (de nos pulsions donc), fonctionne comme cette mise en lumière de l’inconscient, de l’ombre, de ce qui peut échapper au contrôle. 


De la peur à la reconnaissance 


Il ne s’agit pourtant pas d’une malédiction. La Pleine Lune est une étape dans un cycle : un moment où la tension devient visible, où les contradictions se montrent au grand jour. Loin de l’idée de perte de contrôle, elle offre au contraire une chance de reconnaissance. C’est en acceptant de voir cette part pulsionnelle que l’on cesse de la subir. Et la rendre responsable de ce qui nous taraude à l'intérieur, c'est se dédouaner de notre responsabilité individuelle.



Dépasser les superstitions : la Pleine Lune comme boussole intérieure 

Une phase dans un cycle global 


La Pleine Lune n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans le cycle complet de la lunaison, qui dure environ 29 jours. Nouvelle Lune, Premier Quartier, Pleine Lune, Dernier Quartier : chaque étape a son rôle à jouer.

La Pleine Lune, représente le sommet, le moment où la Lune est au maximum de sa clarté, de sa visibilité, le moment où ce qui était invisible peut se montrer. Nos tensions intérieures et nos émotions peuvent se confronter à a réalité objective, ce qui a été semé se révèle, parfois dans le trouble, parfois dans la clarté. 



Une invitation à la lucidité 


Plutôt que de craindre la Pleine Lune comme une force extérieure, il est plus juste de la considérer comme une boussole intérieure. Elle ne fait qu’exposer. C’est à chacun de décider comment utiliser cette clarté : s’en effrayer, ou l’accueillir comme une opportunité de lucidité. 

C’est dans cette perspective que l’Astrologie Structurale s’éloigne des superstitions pour proposer une lecture cohérente : chaque Pleine Lune est un moment d’éclairage, un rendez-vous avec soi-même, une occasion cyclique de clarifier ce qui agite notre monde intérieur. 



Conclusion : du mythe à la structure 


La Pleine Lune a toujours été l’objet de projections : créatures fantastiques, peurs populaires, croyances collectives. Mais en Astrologie Structurale, elle prend un autre visage. Elle devient un outil de lecture, une étape dans un mouvement plus vaste, un élément important d'une structure qui relie l’intime et le cosmique. 


Plutôt que d’y voir un danger ou une malédiction, la Pleine Lune peut être vécue comme une chance de lucidité. Chaque mois, elle nous rappelle que nos rythmes intérieurs répondent aux cycles cosmiques. Et que le mythe du loup-garou, s’il fait sourire, n’est finalement qu’une image de cette vérité : sous la Pleine Lune, nous sommes tous invités à rencontrer notre propre part d’ombre. 

 

Sources 

  • Dane Rudhyar, Le cycle de lunaison 

 

  • Mircea Eliade, Traité d’histoire des religions